Najwa (l’inspectrice de la Casa de Papel) présente AMA – le nouvel album sortira le 4 juin 2021

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Najwa est bien connue du petit écran pour incarner l’inspectrice de la série déja culte La Casa de Papel mais c’est aussi une chanteuse.

«Ama», un titre lapidaire et palyndrome pour un des disques les plus singuliers de la saison. La chanteuse et actrice espagnole Najwa y reprend dix classiques, en majorité tirés du répertoire sentimental d’Amérique latine: des boléros composés à Cuba, au Mexique ou à Porto Rico. Un recueil de reprises comme passage obligé d’une carrière musicale? «Ama» est bien plus que cela. «C’est un projet directement né du confinement»,explique Najwa, omniprésente dans le paysage cinématographique espagnol depuis plus de vingt ans, et à qui les séries (« Derrière le Barreaux » et surtout «La Casa de Papel», saisons 3 et 4) ont offert une exposition internationale. Elle explique: « Pour la première fois de ma carrière, je me suis retrouvée sans possibilité de tourner ni d’entrer en studio. Isolée, dans la montagne, seule avec un Ipad. »

Si Najwa l’actrice n’a cessé de tourner et de jouer au théâtre depuis 1995, son activité dans la pop électronique a été tout aussi débordante: cinq albums (dont deux musiques de films) signés par son duo Najwajean, et sept CD sous son nom. Le dernier, « Viene de Largo », a subi de plein fouet la situation d’urgence sanitaire: il est sorti le 28 février 2020, deux semaines avant le strict confinement décidé par les autorités espagnoles.Lors de cet arrêt forcé, elle se réveille un matin avec une chanson dans la tête: « Munequita Linda ». Sa mère la lui chantait en guise de berceuse, elle était restée tapie dans un coin de sa mémoire. D’autres bribes de refrains oubliés depuis l’enfance remontent à la surface. Elle découvre peu à peu le fil qui relie ces titres: leur appartenance à un genre, le boléro latino-américain, qu’elle connait très mal.« A l’origine, précise la chanteuse, basque par sa mère et jordanienne du côté paternel, je n’ai aucune culture de la musique des années 40 et 50. A la maison, avec deux parents médecins, nous écoutions peu de musique. Et puis j’ai grandi à Bilbao, une ville du nord de l’Espagne qui vivait au rythme des nouveautés du rock britannique. » Mais ces chansons s’imposent avec force. «J’étais submergée par l’émotion», avoue Najwa.

Au fil des semaines, Najwa redécouvre ce répertoire et se passionne pour deux interprètes, qui vont guider sa démarche. Puisque, c’est décidé, elle veut enregistrer ces chansons. Le premier était cubain: Antonio Machin (prononcer « Matchine »). Installé en Espagne à la fin des années 30, il est devenu une immense vedette de la radio avec des airs aux saveurs des Caraïbes qui accompagneront plusieurs générations d’Espagnols, jusqu’à sa mort en 1977. Le second est nord-américain, et demeure un des plus grands crooners de l’histoire: Nat King Cole. Dans les années 50, il publie trois albums de musique latine, où la musicalité de son phrasé fait merveille. Il les enregistre phonétiquement, puisqu’il ne parle pas l’espagnol, mais le charme de son accent est irrésistible.« Je que j’aime chez Machin et Nat King Cole, explique Najwa, c’est la simplicité et l’absence de prétention, il n’y a aucun étalage de virtuosité dans leurs voix. C’est ce qui m’a inspirée. Pour le chant comme pour l’accompagnement, nous avons voulu une approche modeste, discrète, quasiment neutre. Après tout, ces chansons ne m’appartiennent pas, elles font partie de la mémoire collective. Je n’en suis que la passagère.» L’émotion que distillent les dix titres de « Ama » tient pour beaucoup à ce ton de la confidence à mi-voix, comme dans une berceuse. `

L’habillage électro, feutré et sans stridences, privilégie lui aussi le minimalisme. « Et comme ce sont des chansons d’amour et de désamour, ajoute Najwa, j’ai voulu constituer des couples en demandant à des chanteurs de m’accompagner. » Une voix féminine n’aurait pas fait l’affaire? « SI, j’y avais pensé, sourit Najwa, mais les femmes que j’ai contacté ne m’ont pas répondu! » Israel Fernandez, un prodige du flamenco, lui donne ainsi la réplique dans « Solamente una Vez », du Mexicain Agustin Lara, traversé par une pulsion tribale. « Historia de un amor », connue du public français grâce à la version de Dalida, devient un cha cha cha martien où s’invite le Franco-Espagnol Pablo Alboran.

Pour Najwa, le titre qui évoque le mieux ses sentiments durant la pandémie est « Les Feuilles Mortes », la seule chanson qui n’appartient pas à l’univers hispanophone. Traduit en espagnol, le classique de Jacques Prévert et Joseph Kosma se teinte de lueurs lynchiennes avec des choeurs spectraux. La chanson est marquée par l’époque qui l’a vue naître: l’immédiate après-guerre, les couples désunis qui ne se reverront jamais. Serge Gainsbourg l’aimait tellement qu’il composera « La Chanson de Prévert », pour lui rendre hommage. Les chansons servent aussi à ça, à soulager les blessures. Les boléros d’Antonio Machin aidaient les Espagnols à surmonter l’après-guerre civile, quand ils souffraient de la faim, de l’exil qui avait séparé les familles, de la répression politique. «Le confinement et la paralysie de la vie artistique m’ont obligée à réfléchir et à regarder en arrière, analyse Najwa. A m’intéresser au monde de mes parents, moi qui avait l’obsession d’être en phase aves les dernières innovations. En vivant l’épisode angoissant de la pandémie, j’ai eu besoin de me connecter à quelque chose de doux, de rassurant. De trouver le calme que m’ont apporté ces chansons. J’ai voulu, même si nous allons encore vivre des temps difficiles, exprimer l’espoir que l’avenir nous réserve un peu de beauté. »

Les chansons du passé ont agi comme un baume pour Najwa. Grâce à son disque « Ama » (qui signifie à la fois « mère » en basque, et « aime!», à l’impératif, en castillan) la fille de médecins va désormais partager avec un vaste public son remède anti-dépression.

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