Interview de Pierre Fatus, le clown en guerre contre la haine

C’est juste après le spectacle de Pierre Fatus, dont vous nous parlions quelques semaines plus tôt (cliquez ici pour lire notre article), que Ce Que Pensent Les Hommes a pu le rencontrer, au calme, dans sa loge. On a pu découvrir un homme bien dans sa peau, souriant, mais aussi déterminé à lutter contre les prédicateurs de haine. Pour vous, lectrices et lecteurs, voici l’interview de l’humoriste, totalement inédite.

CQPLH : Comment avez-vous eu l’idée de ce spectacle ?

Pierre Fatus : Alors, j’ai eu tout d’abord besoin de moi, qui suis chrétien, blanc, arabe, noir, homosexuel, bi, tout ce que vous voulez. Je suis un être humain en perpétuelle évolution. Et tout est parti d’une colère, je me suis dis, à un moment : « au diable ma petite carrière, je dois parler pour mes filles ». C’est aussi simple que ça. Je ne voulais pas que mes filles se disent que leur père n’avait rien fait. J’ai voulu bouger, car je trouve que la situation est très grave, dans une sorte d’ambiance d’euphorie déprimante, une espèce de surconsommation hystérique qui résulte sur des comportements sociaux, et individuels, complètement dingues. Et certaines voix politiques veulent nous faire croire que cette ambiance actuelle est quelque chose de possible, alors qu’à mes yeux c’est totalement mortifère pour la société. Donc, je me suis piqué une colère de clown, car c’est ce que je suis à la base, et ce spectacle vient de là.

CQPLH : Comment vous est venue cette envie de donner dans la clownerie ?

Pierre Fatus : Tout part d’une insubordination travaillée. Vers cinq ans, j’ai dit à ma mère que je voulais être un clown, mais un clown sérieux. J’ai tracé ma route, et j’ai aussi eu la chance de croiser la route de gens qui m’ont donné des armes, pour devenir le guerrier pacifiste que je suis aujourd’hui. Et dans ce spectacle, j’ai pu placer la pleine puissance de ce que j’ai appris de mon métier de showman, vu que je suis aussi passé par le jazz, le cirque, le rock, je joue de plusieurs instruments, je mêle le mime, la danse. J’ai horreur des frontières, culturelles ou géographiques. Et puis, surtout, j’ai voulu faire un spectacle politique, pour dire que le nationalisme est le contraire du principe de la vie, qui est un mouvement. Toute les grandes civilisations se sont faites sur des migrations, des partages et des mélanges. L’autre n’est pas un danger, c’est une richesse ! Quand j’entends que des gens d’extrême droite font de la pédagogie par le rire, je me suis dis qu’il fallait réagir.

CQPLH : on est là au cœur du propos de votre spectacle, qui rayonne de par son approche humaniste. Pensez-vous avoir l’approche exactement contraire de celle d’un Dieudonné ?

Pierre Fatus : Que ce soit clair, je n’ai rien contre des personnes, mais contre des systèmes de pensées. Ils peuvent être incarnés par peu importe qui, ce sont ces pensées qui sont dangereuses. Des figures les représente, qui ont envie de se distinguer en faisant tout pour passer pour des mal-aimés. C’est étrange non, tout est inversé, faudrait voir ça sur le divan d’un psychanalyste (rires). En ce moment, un truc déconne. On cherche à nous faire désigner des coupables dans tous les sens, des catégories professionnelles qui seraient privilégié etc. Un truc déconne.

CQPLH : Vous avez fait l’objet d’un acharnement très violent, pour avoir pris une position clairement pacifique et fraternelle, comment l’avez-vous vécu ?

Pierre Fatus : Oh, vous savez, venant de certains… Disons qu’il y a des insultes qui, prises de qui ça vient, deviennent des titres de noblesse, des décorations. Je le prends comme ça, tout simplement. Vous l’avez vu, j’ai des gens dans la salle, on parle de choses positives, et si ça dérange certains… tant pis pour eux !

Retrouvez Pierre Fatus au théâtre du Gymnase à Paris avec son spectacle « L’Arme de Fraternité Massive », tous les samedi à 18h du 12 septembre 2015 au 16 janvier 2016.

Pour réserver, c’est sur le site officiel de l’artiste : http://www.pierre-fatus.com/reservation/.