Musée du quai Branly-Jacques Chirac : Conférences, colloques et projections – novembre, décembre 2023 et janvier 2024

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Le département de la recherche et de l’enseignement du musée du quai Branly – Jacques Chirac organise tout au long de l’année des colloques internationaux ouverts au public sur des thématiques liées aux collections et aux expositions temporaires.

Archéologie et anthropologie du soin et de la santé
mercredi 22 novembre de 17h à 18h45
Salle de cinéma
Accès libre sur réservation dans la limite des places disponibles

Lors de cette conférence à deux voix, un dialogue entre l’archéologue Valérie Delattre, Inrap, UMR 6268 ARTeHIS et le médecin Frédéric Boursier met en avant, à travers des cas réels d’étude, l’apport de ces démarches relevant pleinement d’une science dans la Cité.

L’archéologie dite sociétale s’inscrit dans un mouvement de recherche qui questionne le vivant, qui interroge tous les vivants : intégrée aux récents travaux sur la guerre, la violence et les conflits, sur le genre ou les mouvements de population, elle considère les liens humains tissés au sein du groupe social, le rapport aux soins du quotidien, à l’hygiène du corps et à la santé. Elle vise notamment à considérer la vulnérabilité liée à l’âge, à des pathologies invalidantes ou à un statut social. Les restes humains constituent, de fait, l’une des principales sources matérielles pour connaître les vivants, y compris les plus fragiles, les invisibles, dans ces sociétés. Leur étude se fonde sur une observation macroscopique, leur manipulation directe et, pour considérer l’état sanitaire, un diagnostic rétrospectif peut être posé par un paléopathologue. À ces approches traditionnelles, se sont adjointes de nouvelles méthodologies notamment issues de progrès technologiques dans le domaine de la paléogénétique, ouvrant, par exemple, de nouvelles perspectives sur les pandémies (peste ..).
Conférence organisée par Anne Lehoerff et CY Cergy Paris Université dans le cadre du cycle des conférences « L’Archéologie dans la Cité ».

Écrire une histoire décentrée et croisée du spectacle cinématographique : enjeux épistémologiques et méthodologiques
mardi 28, mercredi 29 et jeudi 30 novembre de 9h30 à 18h30
Salle de cinéma
6 projections accompagneront le colloque entre le jeudi 30 novembre et le dimanche 3 décembre.
Accès libre sur sur inscription : fairecommunaute@eur-artec.fr
dans la limite des places disponibles
À la croisée de l’histoire, des études cinématographiques et de l’anthropologie, le projet de recherche « Faire communauté(s) face à l’écran : vers une histoire décentrée et croisée du spectacle cinématographique », initié en 2021, entend questionner les identités des publics de cinéma et des intermédiaires gravitant autour du spectacle cinématographique au 20e siècle dans une perspective transnationale et comparative à l’échelle globale. Après plusieurs ateliers (consacrés aux circulations cinématographiques autour de la Méditerranée, au cinéma itinérant par-delà les premiers temps ainsi qu’à l’histoire sociale de la distribution) et un séminaire en ligne sur trois ans (2021-2023), ce rendez-vous clôture le projet.
Ce colloque se propose d’aborder les mutations des collectifs qui se forgent au contact du spectacle cinématographique en-deçà et au-delà des frontières nationales. Dans ce constant va-et-vient entre cinéma et communautés, c’est non seulement le film, mais aussi l’expérience de la séance qui remodèle et réinvente les identités culturelles, ethniques, nationales et religieuses des spectateurs et spectatrices, ainsi que les trajectoires des communautés fréquentant les espaces de projection. Cette rencontre souhaite accorder une place particulière aux interactions sociales très diverses qui se nouent au sein et au dehors des espaces de projection, en se concentrant plus particulièrement sur les industries médiatiques non hégémoniques.

Jeudi 30 novembre,18h, Cien niños esperando un tren (Ignacio Agüero, 1988, Chili, 56 min) VOSTA, présenté par Claire Allouche (Université Paris 8)
Vendredi 1er décembre, 17h, Occupied Cinema (Okupirani Bioscop, Senka Domanović, 2018, Serbie, (87 min) VOSTF, présenté par Mélisande Leventopoulos (Université Paris 8) (Sous réserve)
Samedi 2 décembre, 14h30, Chiens sans collier (Cães Sem Coleira, Rosa Coutinho Cabral, 1999, Portugal, 60 min) VOSTA, présenté par Caroline Damiens (université Paris Nanterre)
17h, La Dernière Séance (Eliane Raheb, 1995, Liban, 12 min) VOSTF
Bla Cinima (Lamine Ammar-Khodja, 2014, Algérie, 82 min) VOSTF, présenté par Anaïs Farine (Université Sorbonne Nouvelle/Univ. Saint-Joseph, Beyrouth) and Marie Pierre-Bouthier (Univ. de Picardie-Jules Verne)
Dimanche 3 décembre, 15h, Dawson City : le temps suspendu (Dawson City: Frozen Time, Bill Morrison, 2016, USA, 120 min) VOSTF, présenté par Morgan Corriou (Université Paris 8)

Comité scientifique : Arthur Asseraf (University of Cambridge); Daniel Biltereyst (Universiteit Ghent) ; Morgan Corriou (Université Paris 8) ; Caroline Damiens (Université Paris Nanterre) ; Laura Fair (Columbia University) ; Dong Hoon Kim (University of Oregon) ; Brian Larkin (Columbia University) ; Mélisande Leventopoulos (Université Paris 8) ; Jean-Marc Leveratto (Université de Lorraine) ; Özge Özyılmaz (Ankara Bilim Üniversitesi) ; Judith Thissen (Universiteit Utrecht)

« L’Atlantique noir » de Paul Gilroy, 30 ans après.
Actualité d’un concept clé des études sur l’esclavage atlantique et ses héritages
mercredi 6 et jeudi 7 décembre de 9h30 à 18h30
Salle de cinéma
Accès libre dans la limite des places disponibles

L’anniversaire des 30 ans de la publication de son ouvrage est l’occasion de penser à nouveau frais à ce que représente l’Atlantique noir – à la fois l’œuvre de Paul Gilroy et le concept analytique qu’elle a fixé pour la postérité – dans le champ des études francophones en histoire, histoire de l’art, anthropologie et littérature sur l’histoire de l’esclavage, de ses mémoires et de ses héritages. En 1993, Paul Gilroy publiait « The Black Atlantic », marquant ainsi un tournant dans le champ de l’étude des cultures héritées de la traite et de l’esclavage. Cet ouvrage représentait un premier jalon à l’étude de l’Atlantique en tant qu’un espace diasporique traversé par des flux sans centre et d’intenses circulations multidirectionnelles entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques. Depuis lors, le paradigme de « l’Atlantique noir » est devenu canonique au point d’être largement repris comme titre pour nombre de publications sur l’esclavage, dans le monde anglophone puis plus tardivement dans le monde francophone.
L’anniversaire des 30 ans de la publication de « L’Atlantique noir » est l’occasion de penser à nouveau frais à ce que représente l’Atlantique noir – à la fois l’œuvre de Paul Gilroy et le concept analytique qu’elle a fixé pour la postérité – dans le champ des études francophones en histoire, histoire de l’art, anthropologie et littérature sur l’histoire de l’esclavage, de ses mémoires et de ses héritages.
Peut-on l’employer comme un cadre épistémologique pertinent pour tout type de recherche sur l’esclavage atlantique ? Doit-on le réserver au champ des cultural studies dans lequel il avait été initialement pensé ? En un mot, quelle est la valeur heuristique du concept aujourd’hui du point de vue tant disciplinaire que thématique, chronologique ou encore géographique ? Ce cadre peut-il être appliqué de manière globale ou son application doit-elle être restreinte à des échelles d’analyse micro (centrées sur la notion de trajectoire ou de biographie) ? Organisé autour de plusieurs axes d’études que le cadre de « l’Atlantique noir » a permis de renouveler en profondeur, l’objectif de ce colloque est de discuter des apports, héritages ou mutations du cadre théorique et spatial de l’Atlantique noir dans l’actualité de la recherche en sciences sociales.  » Comité scientifique : Jessica Balguy, Domitille De Gavriloff, et Maxime Toutain, musée du quai Branly – Jacques Chirac

Dans le cadre de l’exposition
« Visions chamaniques. Arts de l’ayahuasca en Amazonie péruvienne »
Le cinéma visionnaire de Jan Kounen
Histoire de Panshin Beka et extraits de Blueberry, D’autres Mondes »,
Ayahuasca (Kosmik Journey)
Projection et rencontre avec le réalisateur
Salle de cinéma
Jeudi 14 décembre de 19h à 22h
Accès libre dans la limite des places disponibles

Cette soirée propose une projection des œuvres du cinéaste suivie d’une discussion
En 1999, le cinéaste français d’origine néerlandaise Jan Kounen se rend pour la première fois en Amazonie péruvienne pour préparer l’adaptation cinématographique de la bande dessinée Blueberry. Sa découverte de l’ayahuasca auprès des Shipibo-Konibo est un bouleversement. L’expérience de l’ayahuasca influence nombre des productions du cinéaste, du film de fiction Blueberry, l’expérience secrète, 2004 au documentaire D’autres mondes, 2004, jusqu’à la réalisation récente d’une expérience de réalité virtuelle Ayahuasca (Kosmik Journey), 2019).

Cycle de projections et colloque organisés par David Dupuis, Docteur en anthropologie, chargé de recherche à l’INSERM (IRIS/EHESS) et Elise Grangeorge, Doctorante en Histoire de l’art contemporain, Université Paris Nanterre, Laboratoire HAR, Ecole doctorale 395.
Au sein des sociétés indigènes des Amériques, l’usage de
s substances hallucinogènes fait souvent l’objet d’une véritable institutionnalisation, et est soumis à des règles et des finalités stabilisées et socialement normées. Les hallucinogènes jouent un rôle non négligeable dans de nombreux domaines : la détermination de la position sociale (par leur emploi lors des initiations chamaniques et guerrières), les pratiques thérapeutiques et la vie cérémonielle, la relation avec les morts, les ancêtres, les esprits et les dieux. Dans de nombreuses sociétés amérindiennes, la consommation rituelle de substances hallucinogènes est en outre intimement liée à la production esthétique. Les « visions » induites par le breuvage hallucinogène ayahuasca sont ainsi fréquemment présentées par les peuples d’Amazonie occidentale qui en font usage comme la principale source d’inspiration de leurs productions esthétiques, affirmation qui n’a eu de cesse d’interroger les amateurs d’art et les anthropologues. La relation entre les images hallucinatoires et les productions iconographiques, bien que documentée de longue date, est toutefois restée jusqu’à présent peu explorée. Ce cycle de projection cinéma ainsi que le colloque se proposent d’explorer les enjeux contemporains de ces relations, à partir du cas de l’ayahuasca, un breuvage hallucinogène traditionnellement utilisé par les populations autochtones d’Amazonie occidentale, dont l’usage s’est récemment mondialisé. Il s’agira ici de mettre en valeur la diversité des modes de représentation contemporains des hallucinations visuelles induites par l’ayahuasca (matériaux, techniques, supports, caractéristiques formelles) et d’inviter à la réflexion sur les usages sociaux et de ces images, au-delà de leurs qualités esthétiques.
Prochains rendez-vous
Jeudi 18 janvier 2024
Ayahuasca et nouvelles religiosités
« Les trois mondes du Santo Daime » (Patrick Deshayes)
Film ethnographique présenté par Patrick Deshayes, anthropologue et réalisateur
Jeudi 22 février 2024
Cinéma, expériences psychédéliques et contre-culture
Série de courts métrages présentés par Elise Grangeorge
Jeudi 7 mars 2024
La médicalisation des psychédéliques
« Les psychédéliques, des drogues qui soignent »
(Mirjana Momirovic et Caroline Haertel)
Film documentaire présenté par Lucie Berkovitch, psychiatre et chercheure en neurosciences
et Vincent Verroust, doctorant en épistémologie et président de la société psychédélique française

Colloque
Perceptions et expressions visionnaires en Amazonie et ailleurs
mardi 23 janvier 2024 de 9h30 à 18h30
Salle de cinéma
Accès libre dans la limite des places disponibles

Cette journée d’étude propose d’interroger, au-delà du lieu commun de la « représentation », les enjeux contemporains de la relation entre les images mentales visionnaires et les productions graphiques et iconographiques, notamment à partir du cas de l’ayahuasca, breuvage psychotrope traditionnellement utilisé par les populations autochtones d’Amazonie occidentale, dont l’usage s’est récemment mondialisé. Ces thématiques, abordées depuis une perspective anthropologique ouverte au dialogue interdisciplinaire, seront explorées à partir de données ethnographiques collectées au sein de plusieurs échelles culturelles et géographiques : sociétés autochtones amazoniennes ; mondes métis des espaces urbains d’Amazonie ; espaces transnationaux du chamanisme globalisé. En désignant les substances telles que l’ayahuasca, l’iboga, les cactus San Pedro et peyotl ou les champignons psilocybes sous le terme d’ « hallucinogènes », le regard médical les a historiquement qualifiées comme des sources de « perceptions irréelles » au potentiel pathogène.
Aux antipodes de ce regard, qui domine au sein des sociétés européennes depuis le 19e siècle, de nombreux collectifs placent les « hallucinogènes » au cœur de leur vie sociale. Au sein des populations autochtones des Amériques, l’usage de ces substances, soumis à des règles et des finalités socialement normées, fait bien souvent l’objet d’une véritable institutionnalisation. Qu’elles soient fumées ou consommées sous la forme de breuvage ou de poudre à priser, ces substances jouent alors un rôle non négligeable dans divers domaines : détermination de la position sociale par leur emploi lors des initiations chamaniques et guerrières, pratiques thérapeutiques, vie cérémonielle, relations avec les morts, les ancêtres, les esprits et les dieux. La consommation des « hallucinogènes » a alors notamment pour fonction de permettre la rencontre avec des êtres habituellement invisibles, dont la présence se manifeste de manière visuelle, mais aussi auditive, olfactive ou tactile. Au sein de certains collectifs autochtones, les motifs graphiques utilisés pour peindre les corps et les artefacts sont associés à ces rencontres visionnaires avec des êtres non-humains. Depuis les trois dernières décennies, on observe par ailleurs, notamment dans le contexte de relations interethniques, le développement d’un art iconographique et figuratif d’inspiration visionnaire. Les « visions » induites par l’ingestion de l’ayahuasca (banisteriopsis caapi) sont ainsi fréquemment présentées par les peuples d’Amazonie occidentale qui en font usage comme une source d’inspiration majeure de leurs productions esthétiques, affirmation qui n’a eu de cesse d’interroger les anthropologues et les amateurs d’art et qui continue à susciter de vifs débats.
Ces évènements sont organisés dans le cadre de l’exposition « Visions chamaniques. Arts de l’ayahuasca en Amazonie péruvienne (14/11/2023-26/05/2024).

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