Izumo : berceau du saké, le nouveau joyau de l’UNESCO

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Petit tour au Japon aujourd’hui.

La ville d’Izumo, située dans la préfecture de Shimane au Japon, est une destination incontournable pour les amateurs de saké et les passionnés de légendes japonaises. Reconnue comme le berceau mythique de cette boisson emblématique, Izumo offre une expérience unique de « saké tourisme » autour de cet art ancestral, récemment inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Car si les préfectures de Hyogo et de Nara, plus touristiques, se présentent toutes deux comme le berceau de la fabrication moderne du saké, c’est bien à Izumo que l’on peut renouer avec ses racines ancestrales.

4 raisons d’aller faire du saké-tourisme à Izumo :

Si l’on parle souvent d’oenotourisme en France et dans d’autres pays de tradition viticole, on peut constater le même développement du « saké-tourisme » à travers l’archipel nippon. Or, le 4 décembre dernier, l’UNESCO a officiellement reconnu les connaissances et savoir-faire traditionnels relatifs à la fabrication du saké à base de koji au Japon. Cette distinction souligne l’importance culturelle et historique de cette boisson dans la société japonaise. Pour les visiteurs, c’est l’occasion unique de découvrir l’histoire vivante du saké, de sa dimension sacrée à sa reconnaissance mondiale, dans le lieu même où cette tradition a pris racine il y a plus de 2000 ans.

1. Se plonger dans une tradition millénaire ancrée dans le sacré

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Izumo, berceau important de la mythologie japonaise, apparaît dans les plus anciennes légendes concernant la fabrication de saké du Japon :

Le Kojiki, le plus ancien recueil historique du Japon, relate une autre légende suggérant déjà l’existence d’une technique de brassage avancée dans l’ancienne Izumo. L’histoire raconte que la région était terrorisée par Yamata-no-orochi, un dragon à huit têtes et huit queues, jusqu’à ce que le dieu de l’orage Susanoo ne tue le dragon en l’enivrant de huit seaux de saké.
De même, le « Izumo no kuni fudoki », une chronique historique compilée en 733, mentionne aussi que les dieux se rassemblaient à Izumo pour fabriquer et boire du saké.

2. Visiter le sanctuaire du saké

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Ces légendes sont toujours célébrées aujourd’hui, notamment au sanctuaire Saka Jinja, dédié à Kusunokami, le dieu des brasseurs de saké. Ce lieu de culte shintoïste est intimement lié aux origines mythiques de la boisson nationale japonaise. La légende raconte que des divinités se sont réunies près d’une rivière voisine pour préparer un festin, incluant la fabrication de saké, pour une fête arrosée qui aurait duré 180 jours. Le nom « Saka » dérive directement du mot « saké », soulignant l’importance de cette boisson dans l’histoire du sanctuaire.

Aujourd’hui, le Saka Jinja perpétue cette tradition ancestrale en brassant son propre saké dans l’enceinte du sanctuaire. Le point culminant de cette tradition est le festival Doburoku, célébré chaque année le 13 octobre. Lors de cet événement majeur, le grand prêtre du sanctuaire prépare du doburoku, un type de saké non filtré. Ce festival attire les brasseurs de saké de toute la préfecture de Shimane, qui viennent déguster cette boisson sacrée et prier pour une année prospère. Avec le grand sanctuaire d’Izumo Taisha, Saka est l’un des rares sanctuaires autorisés à brasser du saké de nos jours.

3. Rencontrer les brasseurs d’aujourd’hui 

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Le quartier d’Imaicho, accessible à pied depuis la gare d’Izumo-shi, offre notamment un aperçu du savoir-faire local en matière de brassage. Les visiteurs d’Izumo peuvent désormais participer à des ateliers de dégustation animés par des maîtres artisans « toji », visiter des brasseries traditionnelles pour observer le processus de fabrication, et découvrir l’histoire du saké dans des musées locaux.

La brasserie Izumo Fuji Shuzo, à proximité de la gare d’Izumoshi, propose des dégustations de saké produit selon des méthodes traditionnelles. Issu de la 14e génération de toji, le maître brasseur Toshiaki Imaoka y perpétue des techniques ancestrales, notamment le pressage lent dans des cuves en bois pour préserver la saveur du saké.

Non loin, une brasserie datant de 1877, Sake Mochida Honten propose des visites et des dégustations de ses produits, notamment Yamasan Masamune Junmai Ginjo, brassé à partir de Sakanishiki, un riz à saké richement aromatisé développé dans la préfecture de Shimane et nommé d’après le sanctuaire de Saka. On peut également s’y procurer une bouteille de saké de bain spécialement préparé pour être versé dans la baignoire de retour à la maison.

4. Dormir dans une ancienne brasserie ou boire son saké sous les étoiles

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C’est dans le quartier de la route du coton, Momen Kaido, avec ses maisons de ville traditionnelles de l’époque Edo, ses kura (entrepôts traditionnels japonais) et ses magasins en activité depuis plus de 100 ans, que le boutique hôtel Nipponia Hirata Cotton Road a élu domicile dans une ancienne brasserie de saké, donnant à chacune de ses 6 chambres des noms faisant référence au fameux alcool.

Autre alternative : chacune des huit chambres de l’IZUMO Hotel The Cliff, qui a ouvert ses portes en 2023 et détenteur d’une clé Michelin, propose à ses clients gratuitement une bouteille de Junmai de la brasserie Fuji Shuzo. Creusé dans le flanc d’une falaise surplombant la mer du Japon, les voyageurs peuvent admirer le coucher du soleil puis les étoiles depuis leur jacuzzi en plein air, tout en dégustant le saké local ou en testant le saké de bain.

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